Chronologie
1844-1865 : L’Enfance et la première formation
Mary Stevenson Cassatt est née le 22 mai 1844 à Allegheny City, bourgade à la périphérie de Pittsburgh (Pennsylvanie). Cette date est portée sur les archives familiales et paroissiales, mais le registre de l’état-civil indique à tort le 24 mai 1843 et sur la tombe on lit 22 mai 1843, seule l’année est incorrecte.
La famille de Mary Cassatt fait partie de la grande bourgeoisie américaine, issue d’émigrés français huguenots, venus de Hollande après avoir quitté la France avant la révocation de l’édit de Nantes et arrivés aux Etats-Unis en 1662 : les Cossart. Le nom est transformé en Cassatt vers 1800.
Robert Simpson Cassatt (1806-1891), son père, est un homme d’affaires aux activités multiples. Sa mère Katherine Kelso Johnston (1816-1895), issue d’une famille fortunée, a reçu une excellente éducation et parle couramment le français. Ils auront sept enfants : Katherine et George morts en bas âge, Lydia Simpson Cassatt (1837-1882), Alexander Johnston Cassatt (1839-1906), Robert Kelso Cassatt (1842-1855), Mary (1844-1926) et Joseph Gardner Cassatt (1849-1911).
En novembre 1851, les Cassatt embarquent à New York pour la France. Ils sont à Paris lors du coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte (2 décembre 1851), mais découvrent le charme de la capitale, visitent les musées, parcourent les expositions dont l’Exposition universelle d’Art et d’Industrie de 1855. Les raisons de ce départ sont doubles l’éducation des enfants dans des écoles de haute réputation et l’état de santé de Robert atteint d’une maladie osseuse. La maladie progressant, ils gagneront l’Allemagne (Heidelberg, Darmstadt) où ils demeureront jusqu’en 1855, date du décès de l’enfant.
1866-1876 : La Formation européenne
Elle décide de présenter une toile au Salon de 1867, le jury refuse l’œuvre. Mary, très désappointée, constate l’esprit conservateur et rigoriste des cercles artistiques en vogue ainsi que leur antiféminisme notoire.
Le début des hostilités entre la France et la Prusse impose un retour en Pennsylvanie qui s’avère difficilement supportable. Mary est au bord de la dépression malgré le soutien de John Sartain et de sa fille Emily avec lesquels elle continue à dessiner et peindre. Le salut arrive grâce à l’évêque catholique de Pittsburgh qui lui propose de partir à Parme pour copier deux œuvres du Corrège pour la nouvelle cathédrale de la ville.
En 1874, après l’hiver passé à Rome, elle revient à Paris, s’installe près de la place Pigalle et se lie d’amitié avec Lousine Waldron Elder, la future Mrs Havemeyer qui deviendra un soutien sans faille pour la propagation des impressionnistes aux Etats-Unis.
1877-1886 : Les Années impressionnistes
Au début de l’année 1877, Degas visite l’atelier de Mary Cassatt et l’invite à participer aux expositions impressionnistes. Elle accepte avec bonheur: elle exècre tant l’art conventionnel. Degas au fil des années devient l’ami, le confident. Les parents de Mary et sa sœur Lydie s’installent à Paris, au 13 avenue Trudaine. Mary a son atelier rue Laval. Elle se lie d’amitié avec Camille Pissarro.
En été, elle séjourne à Louveciennes avec toute sa famille et ses neveux, les enfants de son frère Alexander. Elle peint et rencontre ses amis peintres résidant sur les bords de Seine. Elle conseille Alexander dans l’acquisition de tableaux impressionnistes, notamment Degas.
Les années 1882 et 1883 sont fort sombres : en 1882, Mary ne participe pas avec Degas à la septième exposition impressionniste, sa sœur Lydia meurt le 7 novembre et le 30 avril 1883 Edouard Manet décède.
1887 - 1893 : Les Années gravure
Au début de l’année 1887, la famille Cassatt s’installe au 10 rue de Marignan où Mary a un appartement avec un atelier. Elle peut ainsi s’occuper facilement de ses parents âgés et poursuivre son travail. Elle acquiert une presse. Une série de pointes-sèches sont présentées pour la première fois aux Etats-Unis dans une exposition organisée par Durand-Ruel à Boston.
En 1890, elle présente une série de douze pointes-sèches, des aquatintes et un pastel à la deuxième exposition des peintres-graveurs. Des collectionneurs français et américains y achètent ses estampes (Gustave Larroumet, directeur des Beaux-Arts, George Lucas et Samuel P. Avery) et La Leçon, fait la couverture du premier numéro de l’Art dans les deux mondes, publié par Durand-Ruel. Elle visite avec Degas et Berthe Morisot l’exposition d’estampes japonaises (plus de 750), organisée à l’Ecole des Beaux-Arts par le marchand Siegfried Bing. Mary est conquise et profondément impressionnée par l’ascétisme de l’estampe japonaise.
Intérieur d'un tramway passant sur un pont, 1890-91, ©DR | La Lettre, 1890-91, ©DR | Le Baiser, 1890-91, ©DR |
En 1891, Mary Cassatt et Camille Pissarro sont exclus de la troisième exposition des peintres-graveurs français car ils ne sont pas nés sur le territoire français. Ils organisent deux expositions indépendantes chez Durand-Ruel. Parallèlement Mary poursuit ses séries de portraits de femmes et d’enfants.
L’accueil est fort mitigé, comme celui de sa première exposition individuelle, plus de quatre-vingt-dix œuvres chez Durand-Ruel à Paris
Son père décède en décembre 1891.
1894-1924 : Une Américaine dans l’Oise
Mary Cassatt a donc loué pendant trois étés successifs (1891, 92 et 93) le château de Bachivillers pour recevoir sa famille et exécuter notamment sa grande décoration.
Malheureusement le propriétaire se marie et sa jeune épouse souhaite vivre dans le château. Fort désappointée, Mary doit chercher un nouveau lieu de villégiature.
En 1895, Durand-Ruel organise la première exposition monographique de l’artiste à New York. Mary conquiert à la fois le public et la critique. En octobre, sa mère meurt.
Son retour aux Etats-Unis a lieu en janvier 1898. Elle séjourne chez son frère Joseph Gardner, réalise une vingtaine de portraits sur commande, expose chez Durand-Ruel à New York et au St. Botolph Club de Boston. Elle retourne en France au printemps.
En 1902, Camille Mauclair publie un article « Un peintre de l’enfance : Miss Mary Cassatt » dans la revue L’Art décoratif.
En 1906, elle rencontre le banquier James Stillman, le plus important collectionneur de son œuvre et invite Ambroise Vollard au château de Beaufresne.
Un nouveau deuil la frappe : le décès de son frère Alexander.
En 1912, elle se lie d’amitié avec le peintre George Bidle et partage son temps entre Le Mesnil-Théribus, Paris et Grasse durant les années 13-14. Elle reçoit Achille Segard, auteur de sa première biographie, publiée en 1913. Elle souffre d’une double cataracte et de diabète, elle cesse de peindre en 1914 et devient aveugle en 1921.
En 1915, Lousine Havemeyer organise une exposition d’œuvres réalisées après 1900 à la galerie Knoedler de New York au profit des suffragettes, cause qu’elle soutient ardemment et fait de nombreuses conférences sur la carrière de son amie. Degas décède à Paris le 27 septembre 1917.
Elle meurt le 14 juin 1926 à l’âge de quatre-vingt-deux ans dans son château de Beaufresne et rejoint dans la tombe du cimetière du Mesnil-Théribus ses parents, son frère Robert et sa sœur Lydia.
Source : Cette biographie a été réalisée à partir de la chronologie de Wendy Bellion, publiée dans le catalogue Mary Cassatt: Modern Woman (The Art Institute of Chicago, Harry N. Abrams, Inc., Publishers, 1998)